6e Séance - Séminaire "Compositeurs reconnus et non reconnus entre 1890 et 1940"

ven 16 juin 2017
16h30 - 19h30
Lieu: 

Maison de la Recherche
Salle D 116

28, rue Serpente 75006 Paris

Programme: 

6e Séance

Séminaire

« Compositeurs reconnus et non reconnus entre 1890 et 1940 »

Approches socio-musicologiques du phénomène de la « reconnaissance » dans le monde musical de la belle-époque aux années folles

animé par Raffaele D’Eredità et Alexandre Robert
 

Programme

16h20 - Accueil des invités
             
             Introduction et présentation
: Raffaele D’Eredità, Alexandre Robert
 

16h30 - Victorin Joncières : un compositeur moderne oublié par la modernité
              Intervenant : Nicolas Deshoulières Doctorant à l’Université Paris-Sorbonne, IReMus
 

17h45 - 1890-1940, une prériode difficile pour les compositrices ?
              Intervenante : Florence Launay Docteure en Musicologie de l’Université de Rennes 2

Pause
 

18h45 - Stratégies de reconnaissance dans la carrière musicale de Marius-François Gaillard
              Intervenante : Claire Lotiron Doctorante à l’Université Paris-Sorbonne, IReMus

19h30 - Mot de conclusion : Raffaele D’Eredità, Alexandre Robert

 

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Victorin Joncières : un compositeur moderne oublié par la modernité

Intervenant : Nicolas Deshoulières Doctorant à l’Université Paris-Sorbonne, IReMus

En ce XXIe siècle, l’œuvre de Victorin Joncières (1839-1903) est tombée progressivement dans l’oubli et sa musique s’efface de la mémoire collective. Bien que remarquable compositeur appartenant à l’école française moderne de la seconde moitié de l’ère romantique, c’est davantage comme critique musical que son nom est associé. En effet, il signa pendant près de trente ans de nombreux articles et se décrivait comme un wagnérien des premières heures.
Dès les années 1860, il se fraya un chemin dans le paysage lyrique, entre fervents partisans de Richard Wagner et défenseurs d’un nationalisme musical enraciné. Auteur de cinq opéras créés entre 1875 et 1900 dans l’esprit de la nouvelle génération française post meyerbeerienne – tels César Franck, Camille Saint-Saëns et Jules Massenet –, Joncières acclimata certains principes théoriques du maître d’outre-Rhin tout en conservant des spécificités françaises. Qualifié de remarquable musicien dramatique et orchestrateur raffiné par la presse et par ses contemporains, les principaux ouvrages de Joncières – de Sardanapale (1867) à Lancelot (1900) en passant par le Chevalier Jean (1883) –, connurent un grand succès.
Figure marquante entre le Second Empire et la IIIe République, Victorin Joncières tint une place prépondérante sur la scène médiatique parisienne. Il s’exprima, entre 1871 et 1900, en rédigeant des articles thématiques dans La Liberté, apportant ainsi un regard original sur l’actualité musicale observée par le prisme du wagnérisme ou le filigrane du nationalisme.
C’est sans doute par son œuvre critique qu’il reste encore dans les mémoires de certains musicologues. Sa plume, souvent acerbe et tranchante, lui desservit probablement à de nombreuses reprises. Parfois jugée trop rétrograde, son œuvre musicale fut délaissée au profit de pages écrites par des compositeurs tournés vers la modernité affirmée du premier XXe siècle.

Nicolas Deshoulières est professeur d’enseignement artistique titulaire à la Ville de Paris. Il enseigne la culture musicale ainsi que l’histoire de la musique au Conservatoire du VIIIe arr. et il est directeur des études au Conservatoire du IXe arr. Il poursuit une thèse de doctorat à l’Université de Paris-Sorbonne sur L’œuvre critique et musicale de Victorin Joncières (1839-1903). Il participe à plusieurs colloques et journées d’études traitant du wagnérisme et de la question de la modernité dans la seconde moitié du XIXe siècle en France. Il réalise différents travaux musicologiques (notamment pour la Philharmonie de Paris ou pour le Palazzetto Bru Zane — Centre de musique romantique française). Par ailleurs, il donne des conférences musicales dans différentes institutions (conservatoires, mairies, ou musées) en France ainsi qu’à l’étranger (Ambassades de France et universités) ; il présente l’émission Ballade musicale (sur IdFM radio Enghien) dans laquelle il défend la musique romantique française.

1890-1940, une période difficile pour les compositrices ?

Intervenante : Florence Launay Docteure en Musicologie de l’Université de Rennes 2

C’est à partir de 1890 qu’apparaissent les premiers concerts exclusivement consacrés à des œuvres de compositrices, probables reflets d’une résistance croissante du monde musical à un phénomène que l’on ne pouvait plus qualifier d’exceptionnel. Les compositrices ambitieuses des époques précédentes bénéficiaient d’une forme d’indulgence face à leur audace à empiéter sur un monde considéré comme l’apanage des hommes, la composition musicale transcendante ; elles ne pouvaient être que des exceptions, des femmes à cerveaux masculins, échappant à leur “nature” de femme qui les destinait à la procréation. L’apparition de nombreuses lauréates d’écriture au Conservatoire de Paris, la présence de compositrices à la SNM et à la SMI, la participation des femmes au concours du Prix de Rome, autant de facteurs qui semblent avoir contribué à une crispation du monde musical face aux créatrices musicales. Si des recherches exhaustives sur les compositrices du XXe siècle n’ont pas encore été menées, il semblerait cependant qu’aucune compositrice de la première moitié du siècle n’ait pu atteindre à la reconnaissance dont ont joui six compositrices au XIXe siècle, Sophie Gail, Louise Farrenc, Clémence de Grandval, Marie Jaëll, Augusta Holmès et Cécile Chaminade. Les mécanismes de reconnaissance et de méconnaissance spécifiques aux compositrices de la Belle Epoque seront examinés.

Florence Launay, docteure en musicologie de l'Université de Rennes 2, est l'auteure d'un ouvrage issu de sa thèse, Les Compositrices en France au XIXe siècle (Fayard, 2006). Elle a également publié des articles sur les compositrices Mel Bonis, Lili Boulanger, Cécile Chaminade, Louise Farrenc, Sophie Gail, Marie Jaëll, Armande de Polignac, Loïsa Puget, Blanche Selva et Pauline Viardot, ainsi que des articles examinant l'accès des femmes aux professions de la musique, notamment « Les musiciennes : de la pionnière adulée à la concurrente redoutée - Bref historique d’une longue professionnalisation », (Travail, genre et sociétés, n° 19, avril 2008). Elle a co-fondé en 2010 le CReIM (Cercle de Recherche Interdisciplinaire sur les Musiciennes). Elle est aussi artiste lyrique et se consacre à la romance, à la mélodie et à la chanson en liaison avec ses recherches musicologiques.

Stratégies de reconnaissance dans la carrière musicale de Marius-François Gaillard

Intervenante : Claire Lotiron Doctorante à l’Université Prair-Sorbonne, IReMus

Pianiste, compositeur, orchestrateur et chef d’orchestre, Marius-François Gaillard (1900-1973) apparait comme une figure importante de la vie musicale parisienne de l’entre- deux guerres. Elève de Louis Diémer et Xavier Leroux au Conservatoire de Paris, il se démarque, à seulement 20 ans, en étant le premier interprète de l’intégrale de l’Œuvre pour piano de Debussy. Compositeur précoce, il puise ses différentes inspirations chez ce même compositeur tout autant que dans la musique d’Amérique du Sud, qui lui confèrent un style compositionnel unique et iconoclaste. Il embrasse la carrière de chef d’orchestre dans les années 1930 en fondant son propre orchestre de chambre. L’éclectisme des programmes proposés révèle trois aspirations : le souci de mettre à l’honneur la musique française d’avant-garde, faire renaître des pages musicales tombées précocement dans l’oubli et sensibiliser le public parisien aux musiques extra-européennes. Enfin, son partenariat avec le réalisateur Marcel l’Herbier lui ouvre les portes d’une nouvelle fonction, celle de compositeur de musiques de film, à l’heure où le cinéma muet devient parlant et où la notion de musique « utilitaire » commence à se définir.
Pour autant, son œuvre et son action en faveur de la création musicale demeurent totalement méconnues aujourd’hui. Afin de comprendre les mécanismes de cette non- reconnaissance posthume, nous serons amenés à examiner le parcours professionnel de ce musicien polyvalent et à interroger les différents témoins de l’époque (échanges épistolaires, critiques de presse...). Ainsi, nous proposons deux pistes de réflexion principales: La polyvalence du profil d’un artiste peut-elle être un frein à sa crédibilité ?

Un musicien doit-il nécessairement faire l’unanimité de son vivant afin de pérenniser sa reconnaissance ?

Claire Lotiron est actuellement doctorante contractuelle avec mission d'enseignement au sein de l'UFR de musique et musicologie de l'Université Paris-Sorbonne depuis 2014. Ses recherches, sous la direction de Sylvie Douche, portent sur la musique de chambre en France dans l'entre-deux guerres, à travers les activités musicales du Quintette Instrumental de Paris, ensemble actif des années 1920 aux années 1960 et à l'origine de nombreuses créations musicales. Après des études à l'Université Paris-Sorbonne (mémoire de Master 2 portant sur la harpe chromatique Pleyel au tournant du XXe siècle) et au CNSMD de Paris (prix de culture, analyse, harmonie et contrepoint), elle obtient l'agrégation en 2011 et enseigne aux Académies de Paris et Créteil jusqu'en 2014. Soucieuse de maintenir une pratique musicale amateur, elle est harpiste régulière de l'Orchestre Ut Cinquième. 

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