Mettre en vers et en musique une tragédie en Moderne : histoire, enjeux et réception de la collaboration entre Bernard de Fontenelle et Pascal Collasse à l'Académie royale de musique (1689-1765)

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Le retrait de Quinault après Armide, suivi de la mort de Lully en 1687, amorcent une ère de bouleversements pour l’Académie royale de musique. La permanence du couple d’artistes depuis le rachat du privilège par Lully en 1672 avait abouti implicitement à l’établissement d’un canon normatif concernant le genre de la tragédie en musique. Inévitablement, leurs successeurs vont s’attacher à poursuivre cet héritage ou à faire évoluer le genre, en réactualisant les questions du rapport au tragique et aux auteurs antiques, ainsi que celle de l’assujettissement aux règles du théâtre.
Dans ce contexte, Fontenelle fournit les vers de deux tragédies pour l’Académie, Thétis et Pélée (1689) et Énée et Lavinie (1690), que Collasse met en musique. Fontenelle, jeune figure du clan Corneille et auteur engagé dans le parti des Modernes dans la fameuse Querelle qui anime la République des Lettres en cette fin de siècle, hésite entre fable ovidienne et réappropriation de l’épopée virgilienne. En d’autres termes, il s’agit de se conforter comme le nouveau Quinault que le public attend ou, fidèle à ses convictions, de provoquer les Anciens sur leur propre terrain. Quant à Collasse, ancien protégé de Lully, il devient la nouvelle figure de proue de l’Académie, soutenu par Francine et l’entourage royal ; à l’instar des autres compositeurs s’étant illustrés à l’Opéra, sa figure alterne entre celle du musicien Moderne ou du continuateur plagiaire, face à Lully l’Ancien érigé en parangon du naturel et insurpassable. En témoignent les discours de l’époque qui marquent la naissance de la critique musicale à travers le déplacement progressif de la Querelle de la sphère littéraire vers celle musicale.
L’objet de cette thèse est de définir les contours de la modernité des œuvres du corpus, à travers les clefs d’entrée proposées par Fontenelle dans ses écrits ainsi que le discours critique des contemporains (Le Cerf de La Viéville, Ladvocat, Du Bos), tout en procédant à une analyse comparée de scènes qui présentent les mêmes situations dramaturgiques – entre Fontenelle, Quinault et Campistron d’une part, et Lully et Collasse de l’autre. À travers ces questions esthétiques, il s’agit plus généralement d’éclairer un pan inexploré de l’histoire de l’Académie royale de musique pour lequel le qualificatif de « période sombre » relève plus d’un vide historiographique que d’une réelle connaissance des œuvres et des problématiques qui leur sont propres. Enfin, l’étude se clôt sur la question de la permanence de la notion de modernité à travers la fortune critique de Thétis et Pélée, œuvre-phare du répertoire jusqu’à sa dernière occurrence en 1765 dans une version remise en musique par Jean-Benjamin de Laborde.

Date de première inscription: 
Dimanche, 1 septembre 2019
Université et/ou école doctorale: 
Sorbonne Université - ED 433 Concepts et langages

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