Ezter Fontana, Musical Instruments for the Electoral Kunstkammer in Dresden around 1600.
Beaucoup de documents ont été conservés sur les débuts de la vie musicale à la Cour de l’Électeur de Saxe. De nombreux orgues et instruments à clavier existaient dès la fondation de la Chapelle en 1548, et d’autres furent acquis par la suite. Dans son fameux traité, Praetorius s’est appuyé sur les différents inventaires de Dresde alors qu’il était Maître de Chapelle et décrit, en y joignant des planches, plusieurs instruments provenant du Cabinet des merveilles. L’Électeur ayant fait ouvrir de nouvelles carrières de pierres précieuses, il fit venir d’Italie le sculpteur et peintre Nosseni en 1575. En 1581, Christoph Walther réalisa pour ce cabinet une sorte d’autel en pierre sur lequel un orgue était posé. Le même cabinet comprenait aussi des automates musicaux et, en 1589, Nosseni fut chargé de réaliser pour l’Électeur la chapelle funéraire en marbre de la cathédrale de Freiberg, qui comprenait 30 anges musiciens sculptés portant pour la plupart de vrais instruments. Plus tard, il conçut pour sa Maison de plaisir (Lusthaus) sur l’Elbe un ensemble de 300 objets dans des matériaux rares (marbre, albâtre, verre), comprenant des instruments de musique et notamment des orgues. D’autres Cabinets étaient consacrés aux instruments à clavier (40), aux vents (60) et aux cordes (25). Quelques-uns de ces instruments exceptionnels ont survécu jusqu’à nous dans les collections nationales d’Art de Dresde.
Florence Gétreau, Quelques cabinets d’instruments en France au temps des rois Bourbons.
Depuis les travaux d’Eugène de Bricqueville aucune synthèse sur l’histoire des collections françaises d’instruments de musique n’a été véritablement proposée. Sous l’Ancien Régime, pourtant, des ensembles importants sont réunis et utilisés par des musiciens, qu’ils soient professionnels ou amateurs ; d’autres servent à des savants curieux des merveilles de la nature et de l’ingéniosité des hommes (Trichet, Peiresc, Dovin, Accart). Au XVIIIe siècle, les cabinets parisiens sont ceux des musiciens en vue (Campion, Chédeville, Mondonville), des artistes peintres (C.A. Coypel, Edme Bouchardon), des mécènes (Louis-François prince de Conti), des grands amateurs (Bonnier de la Mosson). Ils comportent autant d’instruments d’usage que d’objets rares (instruments mécaniques ; instruments au décor somptueux). Les instruments des pays étrangers ont commencé à intéresser les savants et les voyageurs (Du Molinet, de Robin, de Courçay) mais aussi les peintres (Boucher).
Thomas Vernet, Les collections musicales des princes de Conti.
L’étude des collections musicales – bibliothèques musicales et collections instrumentales – contribue à la définition de « climats de sensibilités » et permet notamment d’apprécier la place occupée par la musique dans la culture des élites. On considérera ici la collection musicale des princes de Bourbon Conti à son « automne », soit à la mort de Louis-François de Conti (1717-1776), quelques mois avant que les ventes publiques ne viennent disperser cet ensemble constitué au cours d’un siècle d’histoire familiale. Au-delà de l’inventaire dressé à partir de sources variées – pièces d’archives, sources littéraires et documents iconographiques – nous chercherons à dégager l’architecture de cette collection ainsi que les mécanismes de transmission de ce patrimoine musical à travers les différentes générations de cette lignée princière. Loin de constituer un bloc monolithique, cette collection nous apparaîtra dans la diversité de ses composants. En la confrontant à l’activité musicale relevée dans les résidences des Bourbon Conti, elle se révélera comme le reflet de pratiques artistiques liées aux goûts particuliers de ces mécènes tout en s’inscrivant de façon plus large, dans une culture aristocratique ostentatoire, fondée sur le luxe et le paraître.
François Picard, Joseph-Marie Amiot, jésuite français à Pékin, et le cabinet de curiosités de Bertin.
Le jésuite français Joseph-Marie Amiot (né en 1718) a vécu à Pékin de 1751 jusqu’à sa mort en 1793. Il est auXVIIIe siècle la principale source de la connaissance de la musique chinoise en Occident. Ses envois comprennent des textes traduits du chinois, des lettres, des dessins, des instruments. L’étude des lettres montre combien il était dépendant de la vie parisienne, centrée sur les cabinets de curiosités.
Cristina Ghirardini, Les instruments chinois dans le Gabinetto Armonico (1723) de Filippo Bonanni.
Après quelques réflexions sur les origines et les circonstances de l’élaboration de ce traité, l’auteur cherche à mettre en relation les connaissances que possède Bonanni des instruments chinois avec différentes sources, en particulier celles du Giro del mondo de Giovanni Francesco Gemelli Careri mais également celles d’autres récits de voyages d’ambassadeurs et de missionnaires. Ce travail permet non seulement de comprendre dans quel contexte Bonanni a puisé son inspiration, mais également de préciser l’origine des illustrations (instrumentistes et instruments) réalisées pour ce traité par van Westerhout.
Caroline Giron, Une collection perdue : les instruments de l’ospedale des Mendicanti, à Venise.
L’ospedale des Mendicanti était l’une des quatre institutions charitables destinées à venir en aide aux pauvres, aux malades et aux orphelins de Venise. La musique, enseignée à l’origine aux enfants afin qu’ils puissent accompagner par leurs chants les offices religieux, prit rapidement de l’importance quand de véritables concerts furent organisés au dix-huitième siècle dans la chapelle de l’ospedale. Les orphelines apprenaient à chanter, mais également à jouer de divers instruments. L’ospedale possédait ainsi au dix-huitième siècle une remarquable collection d’instruments à cordes, à vent et à clavier, parmi lesquelles des pièces de Stradivarius, de Matteo Goffriler ou de Francesco Ruggieri. Cette collection, dispersée en 1797 lorsque l’ospedale ferma ses portes à la suite de la chute de la République de Venise, peut être en partie reconstituée grâce aux divers documents d’archives parvenus jusqu’à nous.
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