PORTRAIT D'EMANUELE MARCONI

A travers sa rubrique "Portraits", l'IReMus donne la parole à chacun-e de ses membres et valorise la richesse et la diversité de leurs parcours.
Aujourd'hui, nous échangeons avec Emanuele Marconi, jeune docteur qui a préparé sa thèse au sein de notre unité.

Tu as récemment ta thèse, peux-tu nous en rappeler le sujet et nous expliquer ce qui a motivé ce choix ?
J’ai soutenu ma thèse le 4 mars dernier, le sujet en était Le Musée des instruments à vent de La Couture-Boussey : genèse et développement d’un musée ouvrier. J’ai pris mes fonctions au musée en décembre 2018, en tant que directeur, et me suis dit à l’époque qu’il serait bon pour le musée et intéressant pour moi de faire une thèse sur son histoire, dans la mesure où rien ou presque n’avait été écrit sur ce sujet. Ce travail approfondi de recherche et de compréhension historique du lieu et de ses collections a été fondamental pour saisir la richesse du musée et y initier des projets. 
 
Quel avait été ton parcours avant d’arriver à La Couture-Boussey ?
Comme beaucoup de personnes qui travaillent dans des musées d’instruments de musique, j’ai un parcours varié car il n’existe pas de voie unique ou classique pour devenir conservateur d’instruments de musique
A la base, j’ai une formation de restaurateur d’instruments de musique que j’ai suivie à Milan, puis j’ai étudié à Crémone et Bologne, en musicologie et conservation du patrimoine.
J’ai poursuivi ma formation en conservation du patrimoine en Sorbonne (Panthéon-Sorbonne) où j’ai obtenu un master de recherches.
Mon parcours scolaire s’est déroulé en parallèle à mon parcours professionnel car j’ai eu la chance de travail avant la fin de mes études de restauration. Ceci explique aussi ma décision de commencer un doctorat vers la fin de ma trentaine.
J’ai commencé ma carrière comme facteur de guitare et restaurateur d’instruments indépendant. En parallèle, j’ai collaboré avec différents musées, le Musée des instruments de musique de Milan tout d’abord, puis pendant quelques temps à la Cité de la musique à Paris, juste avant la création de la Philharmonie.
J’ai passé quelques mois à Genève au Musée d’art et d’histoire avant de m’envoler pour les États-Unis où j’ai occupé le poste de conservateur-restaurateur du NMM, National Music Museum dans la ville de Vermillon, dans le Dakota du Sud, où je suis resté trois ans et demi, en occupant aussi le poste de chargé de cours de conservation-restauration à l’Université du Sud-Dakota. 
De Vermillon, je suis finalement arrivé à la Couture, en 2018.
 
Quels ont été les moments marquants de ton travail de thèse, tes souvenirs les plus forts ?
Le premier moment fort a été lorsque mon sujet de thèse a été accepté. J’avais discuté de hautbois avec Lola Soulier (doctorante au sein de l’IReMus) et c’est elle qui m’a présenté mon futur directeur de thèse, Achille Davy-Rigaux. On a échangé, je lui envoyé mon sujet et 1 ou 2 jours après, il me répondait positivement. Je ne me considère pas à proprement parler comme un musicologue donc proposer un sujet un peu en dehors de ce que je pensais être les sujets classiques de l’IReMus, c’était un peu improbable et risqué. Lorsqu’il a été accepté, j’étais vraiment heureux.
 
Les autres souvenirs marquants me viennent de la découverte de documents que nous pensions perdus ou dont nous ignorions l’existence. Ça aussi, c’était formidable.
Ces pièces (des documents administratifs portant sur la période 1937-1939, sur laquelle nous n’avions quasiment rien auparavant) étaient dans des collections privées et certaines ont été cédées au musée par la suite. J’étais à la fois doctorant et directeur d’un musée de France. J’avais donc à cœur de valoriser les collections du musée à travers ma thèse et d’essayer de conserver des documents qui étaient apparus au cours de mes recherches. 
 
La collaboration et les échanges avec les gens qui m’ont précédé, avec les descendants des donateurs qui ont œuvré pour le musée, m’ont beaucoup apporté scientifiquement mais aussi humainement.  Préserver des souvenirs qui risquaient d’être perdus, c’est intense et émouvant. C’était un travail presque ethnographique parfois. 
 
 
 
Que t’a apporté l’IReMus dans ton travail de recherche ?
 
Je garderai un souvenir fort de la disponibilité constante de tous les collègues avec lesquels j’ai travaillé, que j’interrogeais sur mes recherches, sur la méthodologie…
Un réseau de personnes très savantes mais aussi très disponibles. Ce regard extérieur régulier m’était précieux, nécessaire.
La découverte de leurs spécialités diverses m’a aussi permis de créer des projets entre le musée que je dirigeais et l’IReMus. Je pense notamment à la belle collaboration autour du centenaire de la mort de Camille Saint-Saëns et de l’exposition conçue au musée : Camille Saint-Saëns, un souffle de modernité, qui a donné lieu à un bel ouvrage également, que j’ai eu la joie de codiriger avec Fabien Guilloux. Mes échanges avec Alban Framboisier sur des questions d’organologie et avec mes collègues pairs doctorants Lola Soulier et Oscar Catalan…
 
J’ai beaucoup apprécié les échanges avec le comité de suivi de ma thèse, notamment Marie-Gabrielle Soret et Jeanne Roudet, toutes deux membres de l’IReMus. Avec mon directeur de thèse Achille Davy-Rigaux bien sûr.
Et avec les membres du jury, notamment Florence Gétreau (DR émérite) et Cécile Auzolle (chercheuse associée à l’unité)
 
Une exposition, fruit de la collaboration entre le MIV et des membres permanentes ou associées de l’IReMus (Hyacinthe Ravet, Catherine Deutsch, Sarah Nancy, Cécile Quesney) est d’ailleurs visible actuellement à la Couture-Boussey : Musiciennes. Objets de regards et actrices de la vie musicale,
 
Et puis il y a bien sûr le colloque qui sera consacré à La Sirène qui aura lieu en novembre prochain, pour lequel j’ai eu le plaisir de travailler avec Fabien Guilloux en tant que membre du comité scientifique, le MIV étant membre du comité d’organisation, et au cours duquel je viendrai faire une communication sur l’orchestre d’harmonie de la Couture-Boussey
 
Quels sont tes projets futurs ?
Le 15 juillet prochain, je prends la direction du Musée des instruments de musique de Berlin. L’un de mes axes prioritaires sera de travailler à l’international, le 2nd axe sera une réflexion sur la muséographie actuelle du musée (qui date du début des années 1980).
J’aimerais créer de nouvelles collaborations, peut-être encore une fois avec l’IReMus car le musée fait partie de l’Institut de musicologie allemand, le SIM. Nous sommes dans les mêmes bâtiment. Notre voisin direct est la philharmonie de Berlin, un riche vivier pour imaginer de belles collaborations.
 


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