Si la vie musicale en France sous l’Occupation est aujourd’hui un champ de recherche bien balisé, le parcours de l’un des compositeurs majeurs de cette période, Marcel Delannoy (1898-1962), n’avait encore fait l’objet d’aucune étude approfondie. Appuyé sur un large éventail de sources, dont le riche fonds Delannoy conservé à la Bibliothèque nationale de France, ce travail vise à combler cette lacune en situant Delannoy dans le contexte plus large d’une génération particulièrement exposée sous Vichy. Dans ce contexte coercitif mais favorable à la création musicale (puisque Vichy encourage la musique contemporaine tandis que les Allemands s’emploient à installer un sentiment de continuité dans la vie culturelle), plusieurs compositeurs de cette génération, notamment Poulenc et Honegger, sont en effet impliqués dans diverses activités qui révèlent leurs engagements et leur degré d’accommodation face à la situation d’Occupation. Pour rendre compte des activités de Delannoy sous Vichy, il s’est avéré nécessaire d’élargir la périodisation. D’abord parce que son principal projet et succès de la période, Ginevra, un opéra créé en 1942 à l’Opéra-Comique, est le fruit d’une commande d’État de 1938. Et plus généralement parce que ses choix musicaux et extra-musicaux, comme ceux de ses contemporains, ne peuvent être compris dans le seul contexte des quatre années d’Occupation.
Delannoy, qui se fait connaître à la fin des années 1920, est un compositeur actif dans les entreprises de popularisation de la culture des années 1930, tandis que son style musical éclectique et accessible conquiert un large public. En 1942, son opéra Ginevra est très bien accueilli en raison de son inscription dans le genre français de l’opéra-comique, de ses emprunts éclectiques et de ses références à la musique du passé. Mais ce moment de grande médiatisation s’accompagne de plusieurs compromissions : critique musical d’un journal collaborationniste, membre du groupe Collaboration et de la délégation française invitée à Vienne pour la Semaine Mozart du Reich allemand (1941), Delannoy prend part à plusieurs projets de collaboration culturelle. À la Libération, ces compromissions lui sont reprochées : il est sanctionné par différentes instances officielles d’épuration (professionnelles et judiciaires) et fait en outre l’objet d’une épuration plus informelle.
Au croisement de l’histoire et de la musicologie, cette approche monographique qui situe le compositeur étudié dans sa génération vise plus largement à rendre compte des conséquences de l’Occupation sur les carrières des compositeurs, de leurs engagements et du rôle qu’ils ont tenu dans la politique musicale de Vichy et de l’occupant.
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