Cette thèse vise à effectuer une réflexion approfondie sur la pertinence des images issues de récits de voyage anciens pour la connaissance des traditions musicales africaines et leur rapport avec la pratiques d'aujourd'hui. Qu'est-ce que les images anciennes d'instruments et de musiciens dans leur contexte permettent de dire des savoir-faire, des pratiques anciennes et de leur évolution ?
L'étude nous informera sur les instruments dans leur matérialité (typologie, facture, matière) et dans leur usage musical (techniques et positions de jeu, ensembles instrumentaux, systèmes musicaux). Elle apportera des données comparables à celles collectées sur le terrain, relatives aux contextes culturels (statut du musicien, circonstances). Notons aussi que les sources textuelles auxquelles les illustrations sont rattachées contiennent parfois des compléments d’information (dénominations, transmission, rites), voire des transcriptions musicales et constituent une autre source de connaissances des musiques africaines encore rarement exploitée. Les questions de construction et déformation des savoirs sur la musique seront abordés en profondeur grâce à la prise en compte de la génétique des témoignages, qu'ils soient écrits ou oraux. Certaines sources ont influé sur d’autres tant d’un point de vue textuel que visuel, entraînant des recompositions d’images, leur modification et la réinterprétation de leur contenu. D’autre part, l’évaluation de la valeur informative des images ne pourra faire l’impasse d’une réflexion sur l’idéologie présidant à la représentation – par des Européens – des pratiques musicales africaines. Les images étudiées s’inscrivent dans des écrits reflétant l’histoire des relations entre l’Europe et l’Afrique. Celles-ci étaient imprégnées d’une grande incompréhension aux XVIIe et XVIIIe siècle, puis de l’intention des sociétés européennes d’obtenir une connaissance approfondie du continent africain dans l’objectif de son exploitation commerciale. Cependant, une perspective ethnomusicologique ne pourra pas écarter la pertinence d'une telle recherche pour les musiciens africains d'aujourd'hui. Comment ce regard, qui a été construit sur plusieurs siècles, a-t-il influé sur la pratique musicale des Africains aujourd'hui ? En effet, on observe actuellement que la qualification de « modernité » passe surtout par la reconnaissance des musiciens par l'Occident, ce qui met en porte-à-faux les anciennes traditions africaines et pose la question de leur perpétuation.
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