Résumé
A la fois musiciens et officiants religieux yézidis, les qawwâl jouent un rôle important dans la vie rituelle de cette communauté, dont les racines plongent dans les religions de la Perse et de la Mésopotamie antique. En s'accompagnant de la flûte shibâba et du tambour sur cadre daf, deux instruments considérés comme sacrés, les qawwâl sont chargés de conserver et de diffuser la doctrine dans toutes les régions et les communautés yézidies qui dépassent les frontières d’Irak, et s’étendent historiquement vers la Syrie, la Turquie, l’Iran, l’Arménie et jusqu’au Caucase. Une de leurs mission la plus remarquable est d'organiser une procession de la statuette de l’ange Paon, l'une des figures divines, emblématique de la foi yézidi, ce qui leur procure un grand respect de toute la communauté et un certain revenu financier. Du fait de l’absence des livres saints yézidis, les qawwâl sont un des piliers de la religion, et les seuls chargés à les transmettre en musique pendant les fêtes yézidis dont Id al jama’yyah (la fête du rassemblement), un pèlerinage annuelle, dédié à sheikh ‘Adi leur saint le plus révéré (un soufi du XIIe siècle). L’aspect cérémonial de cette fête qui a lieu à Lalish où se trouve le mausolée de sheikh ‘Adi, est étroitement lié à la présence des qawwâl (comme c’est le cas avec les autres fêtes de l’année). Dans cette fête on peut repérer clairement, grâce aux rituels, les traces des religions anciennes et les traits syncrétiques de la religion yézidie qui ont été adaptés de plusieurs autres religions (abrahamiques et non abrahamiques). De là s’élabore la problématique de la thèse : quel est la contribution des qawwâl en tant que garants et conservateurs de la répertoire musical sacré yézidi, à fortifier la communauté yézidi, fragilisée par des menaces intérieurs (le débat pour le pouvoir), et des autres extérieurs représentées par les plusieurs compagnes des persécutions dont la dernière a eu lieu en 2014. Aujourd'hui, les musiciens qawwâl, issus de deux villages dans un environnement arabophone, situé à la plaine de Ninive, représentent un maillon important entre les diverses communautés yézidies de majorité kurdophone. Leur musique peu recherchée, révèle une originalité d’interprétation et une diversité rythmique et mélodique digne à être une matière très pertinente pour des recherches plus approfondies.
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