vol. 3. Nouveaux timbres, nouvelle sensibilité au XVIIIe siècle (1re partie)

Date de création: 
03/1997

I. NOUVEAUX TIMBRES, NOUVELLE SENSIBILITÉ AU XVIIIe SIÈCLE (1re partie)

  • Gianpaolo GREGORI, La harpe et les guitares d’Antonio Stradivarius.
  • Beryl KENYON DE PASCUAL, The Spanish 18th century salterio and some comments on its Italian counterpart.
  • Florence GÉTREAU, Denis HERLIN, Portraits de clavecins et de clavecinistes français (II).
  • Jean-François WEBER, J. K. Mercken et le forte-piano carré à Paris.
  • Philippe FRETIGNE, La collection Kenneth Gilbert.
  • Jean JELTSCH, " Prudent à Paris " : vie et carrière d’un maître faiseur d’instruments à vent.

II. NOTES ET DOCUMENTS

  • Thierry LEFRANÇOIS, L’iconographie musicale de la mode champêtre : itinéraire d’un genre.
  • Laurence LIBIN, Seeking the source of the Gaillard cornemuses.
  • Jean-François CHASSAING, À propos de quelques règles à clavier de vielle à roue.
  • Nicole LALLEMENT, Inventaire des tableaux à sujets musicaux du musée du Louvre (II). La peinture française des XVIIe et XVIIe siècles (1. tableaux conservés au musée).

III. CHRONIQUE

  • Ann BUCKLEY, The 16th IMS Congress.
  • Florence GÉTREAU, L’iconographie musicale dans l’exposition Musiciens des rues de Paris.
  • Florence GÉTREAU, Barry Brook.

 

IV. RECENSIONS ET NOUVELLES PUBLICATIONS

  • Recensions
  • Frank Bär, Die Sammlung der Musikinstrumente im Fürstlich-Hohenzollernschen Schloß zu Sigmaringen an der Donau : Katalog, par Jean Jeltsch.
  • Gottfried Boehm, Ulrich Mosch, Katharina Schmidt (éd.), Canto d’amore. Klassizistische Moderne in Musik und bildender Kunst 1914-1931, par Martin Kirnbauer.
  • Martin Kirnbauer, Verzeichnis der Europäischen Musikinstrumente im Germanischen Nationalmuseum Nürnberg. Beschreibender Katalog, par Jean Jeltsch.
  • Musikalische Ikonographie. Herausgegeben von Harald Heckmann, Monika Holl und Hans Joachim Marx, par Frank Bär.
  • Nouvelles publications

 

V. BIOGRAPHIES, RÉSUMÉS

Résumés et abstracts: 

Philippe Frétigné, La collection Kenneth Gilbert.

L’article présente la collection du musicien parisien Kenneth Gilbert : un clavecin italien de 1677 dont le clavier porte l’inscription « F.A. 1677 », un clavecin français à deux claviers construit en 1757 par Nicolas Blanchet et reconstruit en 1778 par Pascal Taskin à Paris, un clavecin français à deux claviers de Jacques Goermans de 1765 dont on suppose qu’il est l’opus primum, un clavecin flamand à un clavier de 1768 construit a Tournai par Albert Delin et un pianoforte portant une plaque avec le nom de Rönisch et la date, contestable, de 1795. La présentation de chaque instrument comprend les caractéristiques organologiques, les mesures de la mécanique et celles du cordage. L’élément le plus important de l’article consiste en une analyse détaillée du clavecin Blanchet-Taskin et montre un aspect particulier de la facture parisienne du XVIIIe siècle. Cet instrument fut construit à partir de morceaux de différents clavecins flamands, probablement des Couchet. Deux décennies plus tard, il fut profondément modifié par Taskin qui lui adjoignit un fa dans l’aigue ainsi qu’un jeu de buffle et une mécanique à grenouillères.

Florence Gétreau, Denis Herlin, Portrait de clavecins et de clavecinistes français (II).

A la différence de ce que nous avions constaté pour le XVIIe siècle (voir Musique-Images-Instruments, n°2), les représentations de clavecinistes et de de clavecins abondent au siècle suivant. Compositeurs et amateurs éclairés aiment à se faire portraiturer à leur instrument. Symbole de la vie mondaine dans les salons, le clavecin est volontiers représenté avec d’autres instruments ; il témoigne ainsi du remarquable essor de la musique instrumentale. Il est également un objet de prédilection pour des artistes-peintres comme Watteau ou Huet qui inventent pour lui de somptueux décors.

Gianpaolo Gregori, La harpe et les guitares d’Antonio Stradivari.

Les auteurs ont pris l’habitude de s’intéresser plus aux violons de Stradivarius qu’au reste de sa production, reléguant cet aspect de son génie dans une injuste marginalité. Rompant avec cette tendance, G. Gregori nous présente la harpe (1681, Gênes) du luthier crémonais et quelques-unes de ses guitares : un manche de guitare daté de 1675, qui se trouve aujourd’hui en Grandes-Bretagne, les guitares Canobio-Pagliari (1681, localisation inconue), Sabionari (1679, Italie), Giustiniani (1681, Italie), Hill (1688, Oxford, Grande-Bretagne), Rawlings (1700, Vermillion, USA) et Vuillaume (1711 ?, Paris). Une notice historique replace chaque instrument dans son contexte et tente d’en reconstituer l’itinéraire ; une notice organologique nous en donne une description aussi fidèle que possible.

Jean Jeltsch, « Prudent à Paris » : vie et carrière d’un maître faiseur d’instruments à vent.

Cet article se propose de mieux faire connaître l’activité de l’atelier d’un maître « faiseur » d’instrument à vent, spécialisé dans la facture des bois. Prudent Thieriot, plus connu par son prénom avec lequel il signait ses instruments nous a paru exemplaire. Cette étude, plus historique et sociologique qu’organologique, donne un aperçu de ce que pouvait être la carrière d’un maître facteur grâce au monopole dont il jouissait ; elle décrit l’état de son atelier à la veille de la Révolution française tel qu’il ressort de son inventaire après décès récemment découvert. Quelques photos d’instruments portant sa marque illustrent ce propos sans toutefois lever certaines difficultés d’attribution.

Beryl Kenyon de Pascual, The Spanish 18th century salterio and some comments on its Italian counterpart.

Le psaltérion, instrument à cordes pincées, était très répandu en Espagne et en Italie au XVIIIe siècle. Son répertoire comprenait de la musique populaire et des formes savantes, de la musique sacrée et profane, des œuvres sans ou avec accompagnement. Il était également employé comme instrument d’accompagnement. Les interprètes étaient le plus souvent des musiciens amateurs de la classe moyenne ou de la haute société, et même des religieuses ou des religieux. Les instruments avaient une extension de plus ou moins trois octaves à partir du sol². Au cours du XVIIIe siècle, quelques constructeurs espagnols élargirent l’extension jusqu’à trois octaves et demie à partir du do². Quelques Italiens expérimentèrent diverses dispositions des cordes et des chevalets. Les instruments espagnols possédaient en général plus de cordes par chœur que les italiens. La décoration des psaltérions et de leurs caisses tendit à être plus luxueuse en Italie. Il est possible d’identifier quelques écoles de construction espagnoles, par exemple celle de Castille ou de Catalogne. En annexe, des diagrammes indiquent la répartition des notes entre les divers chœurs de cordes et un tableau comparatif donne des jauges de cordes.

Jean-François Weber, J. K. Mercken et le forte-piano carré à Paris.

Jean-Kilien Mercken fut le premier facteur à construire, dès 1770, des forte-piano carré à Paris. Il a poursuivi son activité professionnelle pendant une quarantaine d’années c’est-à-dire pendant toute la période de prospérité de cet instrument de transition. Cette étude montre combien cet artisan est représentatif d’un type de facteur dont l’activité s’est particulièrement développée dans les vingt dernières années du XVIIIe siècle à Paris. Le forte-piano devenait alors le symbole des temps nouveaux, notamment parce qu’il permettait l’expression de la sensibilité si chère à l’époque et qu’il était d’un coût beaucoup plus accessible que le clavecin qui l’avait précédé et ne devait pas lui survivre. Les éléments ainsi réunis permettent de mieux cerner l’état actuel des connaissances sur ce facteur, tout en le replaçant dans le contexte du marché parisien des instruments de musique dont l’importance, pour les instruments à clavier, ressort du dépouillement systématique du journal Affiches, annonces et avis divers qui a largement servi à documenter ce travail.

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