Jean Jeltsch, Denis Watel, Maîtrises et jurandes dans la communauté des faiseurs d’instruments de musique à Paris.
Sous l’Ancien Régime, les maîtres des communautés bénéficiaient d’un quasi monopole pour la vente au public des produits de leur « art ». On comprend l’enjeu de la maitrise ; mais qui étaient ces maîtres, par quels moyens ont ils réussi à acquérir ce privilège ? Cet article tente de répondre à ces questions et présente une liste chronologique des réceptions de « faiseurs d’instruments de musique » sauf pour les années 1700-1723 et 1730-1735 pour lesquelles les sources sont déficitaires. Les archives de la Chambre des comptes, fonds qui n’avaient pas encore été exploités, permettent de trouver les acquéreurs des maîtrises et de retracer l’histoire des maîtrises parisiennes. L’examen des modes d’accession montre une grande diversité et témoigne de nombreux passe-droits et dérogations aux statuts accordés par la communauté ou l’autorité royale. Outre de nouveaux éléments sur la vie de la communauté (le monopole de la facture d’instruments en cuivre : trompettes, cors, timbales), sont présentés un tableau des jurés et la liste des « avis » du Procureur du roi sur des contestations entre maîtres et ouvriers de la communauté trouvée dans les fonds consultés.
Rob Van Acht, Dutch wind instruments from the Baroque period : scientific qualities and features.
Amsterdam était, entre 1670 et 1770, le centre de la production des instruments à vent hollandais. On y fabriqua un nombre considérable d’instruments baroques de grande qualité, tels que des flûtes à bec et flûtes traversières, des hautbois, des clarinettes et des bassons. La comparaison de ces instruments avec ceux construits dans d’autres pays d’Europe (Angleterre, France, Allemagne), révèle de grandes différences de sonorité et d’apparence. Le sujet de cette étude concerne plus précisément l’analyse du son de ces instruments à vent. Quelques‑uns appartenant à la collection du Gemeentemuseum de La Haye furent joués par des musiciens baroques et leur son analysé sans dispositif mécanique ; les conclusions ont donc une portée limitée. De cette analyse on peut par exemple déduire que le diapason des hautbois de cette époque se situait entre 409 et 413 Hz. En moyenne, la tonalité était conforme au tempérament moyen de do à la. Dans l’analyse spectrale de six catégories d’instruments (flûte à bec, flûte traversière, hautbois baroque, clarinette, basson, cervelas), les harmoniques inégaux 3, 5 et 7 sont plus forts que ceux des instruments modernes, sauf pour les flûtes à bec. La déviation harmonique de l’attaque est très différente. L’élargissement et la contraction du spectre harmonique sont également étudiés. Plus généralement, on peut dire que les instruments baroques hollandais possèdent des caractéristiques sonores propres.
Jean-Christophe Maillard, Variations et innovations dans la facture de la musette au milieu du XVIIIe siècle.
Au milieu du siècle, le modèle le plus répandu de musette de cour était un instrument jouant en do et sol, dont l’étendue d’une treizième était répartie sur deux chalumeaux. Diverses phrases de la Méthode de Hotteterre, des fragments d’instruments conservés au musée de la Musique à Paris, des partitions énigmatiques et quelques sources iconographiques difficiles à interpréter au premier abord, permettent de montrer que facteurs et musiciens ont tenté à de multiples reprises de s’écarter du modèle standard pour des raisons musicales.
Vincent Pussiau, Joseph Collesse, éléments biographiques.
Joseph Collesse (17171776) nous est présenté dans son environnement familial, culturel et professionnel : son origine rennaise, son arrivée à Lyon où il est mort après une longue carrière de facteur de clavecins au service du rayonnement de la facture lyonnaise. Cette courte biographie corrige quelques éléments erronés de la vie de Collesse et précise certains faits jusque là douteux.
Alain & Marie-Christine Anselm, Les deux clavecins signés « J. Collesse » 1768 & 1775.
Cet article propose une étude comparative des deux clavecins subsistants de Joseph Collesse, facteur éminent établi à Lyon, où il fut membre actif de la vie musicale. Datés 1768 et 1775, ces instruments de la fin d’une longue carrière témoignent d’une maîtrise comparable à celle des facteurs parisiens. Un tableau récapitulatif des principales mesures complète la description et l’analyse organologique des clavecins. A partir de cette étude sont abordées les principales caractéristiques qui confèrent leur originalité aux clavecins de l’école lyonnaise de la fin du XVIIIe siècle mise au jour il y a environ vingt ans par la découverte d’une dizaine d’instruments construits vers 1770. Quelques années avant la disparition du clavecin, l’école lyonnaise trouve un équilibre serein entre l’attachement à une tradition héritée du XVIIe siècle et la réceptivité à l’évolution du goût musical qui caractérise cette période.
John koster, Three Grand Pianos in the Florentine Tradition.
L’auteur décrit trois grands pianos du XVIIIe siècle qui existent dans des collections américaines. Ces instruments montrent le cheminement complexe des influences des premiers pianos conçus par Bartolomeo Cristofori à Florence. L’instrument de Manuel Antunes (Lisbonne, 1767) s’inspire très directement du travail de Cristofori, avec quelques simplifications et améliorations. Le modèle du piano de Louis Bas (Villeneuve-lès-Avignon, 1781) est l’instrument de Johann Heinrich Silbermann de Strasbourg, qui reçut l’influence de Cristofori à travers le travail de son oncle, Gottfried Silbermann de Freiberg, en Saxe. Le piano réalisé par Vincenzio Sodi à Florence en 1789 s’inspire de ceux de Johann Andreas Stein d’Augsbourg, qui a travaillé avec Silbermann à Strasbourg, avec une conception du dessin entièrement renouvelée. Certains détails dans la construction interne montrent néanmoins que le piano de Sodi présente des similitudes avec les premiers instruments florentins.
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