Écoutes embarquées : regard sociomusicologique sur des expériences individuelles et collectives

sous la direction de : 

Résumé du projet de thèse

Si quelques travaux ont été consacrés à l’écoute de musique dans le cadre et l’espace de certains transports en commun – ces travaux se plaçant plus particulièrement dans une perspective sociologique[1] – notre projet de recherche tentera d’explorer les « occasions sociales[2] » offertes par les trajets en automobile en ayant pour ambition d’étudier les pratiques musicales mais aussi les phénomènes sociaux en jeu dans un espace-temps qui n’a encore jamais été investi par la musicologie.
 
Quand écoute-t-on de la musique en automobile ? Qu’écoute-t-on ? Qui choisit ce que l’on écoute ? Comment ? A partir de quel(s) support(s) écoute-t-on ? Comment écoute-t-on ? Selon quelle(s) modalité(s) ? Qui écoute ? Avec qui ? Avec quel(s) résultat(s) sur les individus ? Avec quel(s) résultat(s) sur la musique elle-même ? Existerait-il une ou des caractéristiques musicales particulières dans le corpus des œuvres écoutées qui détermineraient l’existence d’un répertoire spécifique à cet espace-temps ou lié aux différents types de déplacement ? L’automobile n’est-elle qu’un espace de réception ? L’écoute embarquée engendre-t-elle d’autres pratiques musicales ? De quel type ?
 
Autant d’interrogations que nous pourrions finalement rassembler autour de la question : que se joue-t-il dans les automobiles en matière de musique ?
 
Mettant à profit la polysémie du verbe « jouer », il nous semble que le double sens contenu dans cette interrogation (Que ce trame-t-il ? Quelle musique est jouée ?), donne tout son sens au dialogue entre musicologie et sociologie que nous nous proposons de mettre en place dans le cadre du travail envisagé.
 
Abordant les œuvres écoutées tout autant sous l’angle d’ « objets sonores » que d’ « objets sociaux » à part entière[3], nous serons attentif à l’articulation entre les objets musicaux eux-mêmes, les pré-agencements situationnels et la dynamique des ajustements interactionnels. Parce qu’ils ont mis en lumière et étudié ces phénomènes dans le cadre d’orchestres au travail, les récents travaux menés par Hyacinthe Ravet[4] constitueront un modèle d’approche et un espace réflexif sur lesquels nous prendrons appui pour conduire cette recherche.

 

[1] Voir notamment à ce propos GREEN, Anne-Marie, « Les usages sociaux du walkman dans le quotidien urbain. Ou le "temps musical" comme élément de transformation de l'espace social », Sociétés, 2004/3 n° 85, p. 101-111 ou encore ROTH, Raphaël, « L’écoute musicale en balade : lorsque la musique nous transporte. Une approche interactionniste des usages du baladeur musical dans le train. », Sociétés, 2009/2 n°104, p. 73-82.
[2] Erving GOFFMAN définit ainsi une « affaire sociale, une entreprise ou un événement d’une certaine ampleur, limitée dans le temps et l’espace, […] typiquement facilitée par un équipement fixe ». GOFFMAN, Erving, « Engagement », in WINKIN, Yves (dir.), La nouvelle communication, Paris, Seuil, 1981, p. 267-278..
[3] CAMPOS, Rémy, DONIN, Nicolas, KECK, Frédéric (dir), Musique et sciences humaines. Rendez-vous manqués ?, Paris, Sciences Humaines Éditions, 2009, p. 7-8.
[4] RAVET, Hyacinthe, L’orchestre au travail. Interactions, négociations, coopérations, Paris, Vrin, 2015.
Date de première inscription: 
Lundi, 24 novembre 2014
Université et/ou école doctorale: 
Paris-Sorbonne

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