La musique dans les arts du cirque : sociomusicologie des processus créateurs

.

Résumé de la thèse

Caractérisé par des modalités de création hétérogènes et des profils d’artistes hétéroclites (Garcia, 2011), le « cirque contemporain », ou « arts du cirque », est singulier par rapport à d’autres mondes artistiques et est difficile à définir malgré son institutionnalisation. Les professionnel·le·s et les chercheur·e·s s’accordent néanmoins pour concevoir le spectacle comme une œuvre singulière (Cordier, 2007) empreint d’une esthétique pluridisciplinaire : les multiples formes d’expression qui constituent le spectacle sont pensées ensemble de manière à créer un discours cohérent. Comme les dimensions scénographiques, chorégraphiques et dramaturgiques, la dimension musicale joue un rôle fondamental participant à la sensibilité du spectacle (Baston, 2008). La création d’un spectacle, et de sa musique en particulier, se présente alors comme un travail à la fois créatif et routinier où l’autorité est partagée (Ravet, 2015) entre les différentes catégories d’acteurs interagissant en un réseau de chaînes de coopérations (Becker, 1988).

Entre « musicien·ne·s » et « non-musicien·ne·s », chapiteaux et théâtres, collectifs, compagnies et entreprises, démarches égalitaires et divisions hiérarchiques du travail, comment les professionnelles et professionnels du cirque créent-ils collectivement les musiques pour leur spectacle ? En autres termes, comment travaillent-t-ils ensemble et sur quels critères se fondent-ils ? Cette enquête sociomusicologique menée sur la base de périodes d’observation et d’entretiens vise à reconstruire des musiques de spectacle « en train de se faire » et examiner la « variabilité de ses réalisations » (Menger, 2010) pour mettre en évidence l’épaisseur collective de la création et les caractéristiques de ces « musiques de cirque ».