Entretien avec Amandine Lebarbier

Retour sur la parution de l'ouvrage Musicienne du silence. Sainte-Cécile dans la littérature et dans les arts au XIXe siècle, dernier né de la collection MusiqueS élaborée par l'IReMus en partenariat avec les Presses de La Sorbonne. Ce volume est le premier beau livre de la collection, conçu selon un format carré et avec un soin particulier apporté à la reproduction de sa riche iconographie.
 
Nous sommes heureux d’annoncer la parution de votre ouvrage, sélectionné par le comité scientifique de l’IReMus, dans le cadre de la collection MusiqueS que le laboratoire produit avec les Presses de la Sorbonne. S'agit-il d'une version remaniée de votre thèse de doctorat ? Pouvez-vous nous en donner le synopsis, nous dessiner le fil rouge de votre ouvrage ? 

A. L. : Ce volume correspond en effet à une version remaniée de ma thèse de doctorat soutenue en 2017. Mme Gétreau, qui était dans mon jury, m'avait vivement conseillé de publier dans cette collection. Elle m'a beaucoup accompagnée dans le processus de réécriture mais aussi dans le choix de l'iconographie. 
Cette thèse s’attache à montrer le rôle important qu’a joué la figure de sainte Cécile au XIXsiècle dans l’imaginaire musical européen. La première partie de ce travail est consacrée à l’historiographie de sainte Cécile, du Ve au XIXe siècle, et à l’inscription de la figure dans l’espace culturel européen. Différents media ont contribué à faire de la patricienne romaine légendaire une sainte patronne reconnue et célèbre dont, au premier chef, le tableau de Raphaël, L’Extase de sainte Cécile. Cette œuvre du patrimoine artistique européen fait l’objet d’une véritable fascination auprès des écrivains, des musiciens et des peintres de la première moitié du XIX e siècle et ce travail tente d’en comprendre les raisons. Dans un deuxième temps, ce livre montre que la figure de sainte Cécile est une allégorie vive, utilisée par de nombreux écrivains pour construire un discours sur la musique, sur l’art et sur le rapport entre les arts. Il y a véritablement des « moments sainte Cécile » au XIXe siècle qui conduisent à recharger la figure d’un souffle vivant ; elle s’impose alors, non plus comme une figure de rémanence, mais bien comme la possibilité de penser une transcendance et de construire un discours esthétique. Le troisième axe de ce travail s’inscrit dans une perspective d’études de genres. Héritière de plusieurs types de traditions de représentations féminines, sainte Cécile apparaît comme un outil analogique riche de présupposés idéologiques sur la représentation de la femme et en particulier de la femme musicienne. Représentantes d’un Éternel féminin fantasmé, les femmes musiciennes comparées à sainte Cécile sont les garantes d’une mémoire idéologique qui enferme la femme musicienne dans un champ très restreint de la pratique musicale.
 
Pourquoi avoir choisi de travailler sur la figure de Sainte-Cécile ? 

A. L. : Plusieurs travaux ont déjà été consacrés à la figure de sainte Cécile, notamment en histoire de l'art, en iconographie musicale, en musicologie, etc. Ce travail doit beaucoup à la somme de ces travaux existants qui ont largement contribué à déblayer certains champs de la recherche cécilienne. Mais aucun ouvrage n'avait été consacré à l'importance de cette figure dans la littérature. L'ouvrage, dans une perspective interdisciplinaire, a donc pour ambition de faire dialoguer le corpus littéraire avec le corpus iconographique, musical, afin de mettre au jour l'importance de la figure de sainte Cécile dans l'imaginaire au XIXe siècle.
 
Quels sont vos projets pour la suite et vos sujets de recherche actuels ?

A. L. : Je travaille actuellement à un projet d'HDR sur la représentation des compositrices dans la littérature et les arts au XIXe siècle. Je prépare également, avec Sarah Hassid, un numéro pour la revue Sociétés et représentations, sur la représentation des musiciennes (XIXe-XXIe siècle) en Occident, dans une perspective interdisciplinaire.
 
 
 
 


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